LE WING CHUN AU VIETNAM
« A vouloir gagner des éloges, on perd son souffle. »
Proverbe vietnamien
Le wing chun vietnamien s’appelle Vinh Xuan, le vietnamien n’utilisant pas les caractères chinois mais l’alphabet latin. Le Yuen Chai-Wan Wing Chun Kuen (Ruan Jiyun Yongchunquan, Nguyen Te-Cong Vinh ; Xuan Quen) est le style enseigné par Yuen Chai-Wan à Foshan, puis au Vietnam.
Le premier patriarche de la branche vietnamienne du kung fu s’appelle Nguyen Te Kong (Yuen Chai-Wan en cantonais). C’était le frère ainé de Yuen Kay-San. Il est né en 1877 à Kuan Don (Chine). Il a appris pendant des années le wing chun sous la direction de Fok Bo-Chuen puis Fung Siu-Ching. On parle aussi de Liong Tan qui lui enseigna le wing chun avec ses fils (Liong Suan et Liong Bik) et d’autres élèves.
Il atteint un haut niveau d’expertise et lorsqu’il partit, Liong Tan, qui l’aimait comme son fils, l’autorisa à enseigner le wing chun à d’autres peuples. Il commençà à enseigner dans le sud de la Chine à Foshan où il trouva ses premiers élèves, dont Yiu Choi et Ip Man, qui s’entraînait avec maître Chan Hoa Tuan et maître Liong Bik dans le passé. En 1936, Nguyen Te Kong quitta son pays natal et arriva à Haiphon (Vietnam) par la mer avant de se rendre la même année à Hanoi à l’invitation des associations d’expatriés Nanhai et Shunde. Il y accepta de nouveaux élèves qui étaient vietnamiens et fonda sa première école. En 1955 il gagna Saigon et continua à enseigner à ses élèves chinois et vietnamiens. Il fonda sa seconde école. Il décéda en 1960 à 84 ans : il est considéré comme le fondateur du kung fu vietnamien. Ses successeurs ont développé son style de génération en génération.
Ses principaux étudiants au Vietnam étaient : Nguyen Duy-Hai, Luc Vien Khai (école du Sud), Tran Van Phung, Vu Ba Quy, Ngo Si Quy et Tran Thuc Tien (école du Nord). Nguen Te Cong a transmis ses connaissances au maître Ho Hai Long (le « Dragon Flying over the Sea ») qui est devenu le deuxième grand maître du wing chun vietnamien.
Puis Ho Hai Long a transmis son titre au maître Huynh Ngoc An, qui est à présent le grand maître actuel du wing chun vietnamien.
Une autre école s’est développée au Vietnam et en Amérique du Nord, la branche de Nam Anh.
Nam
Anh fut initié au kung fu par son grand-père. En 1959, il entreprit
l’étude du Wu Tang avec Kwan Say Ming. De 1969 à 1975, il étudia le Wing
Chun avec Ho Hai Long (Nguyen Duy Hai), élève de Nguyen Te Cong.
Il
rencontra en camp de concentration Hang Van Giai qui le recommanda
auprès de Nguyen Minh afin de perfectionner ses connaissances, de 1977 à
1983. Il est devenu par délégation du Temple du Diamant, Grand Maître
dirigeant de la sixième génération de l’École orthodoxe Shaolin Wing
Chun au Vietnam. En 1980, il se mis à apprendre le Pei Mei orthodoxe au
Vietnam avec Loo Ping Woon, et essaya d’unifier les deux branches de
kung fu du Vietnam avec la Fédération Internationale de Shaolin Wing
Chun Nam Anh Kung Fu.
Le style
est bien l’original chinois. L’élève va d’abord devoir libérer ses
articulations du haut du corps en commençant par les poignets, puis les
coudes, les épaules, etc. Il quitte sa rigidité afin de pouvoir
développer la sensibilité, grande caractéristique du Wing Chun, afin de
réagir à toute stimulation extérieure perçue. C’est la première phase de
son interception. Une fois la « petite idée » comprise et intégrée, les
attaques multiples en défense simultanée sont travaillées en quyen (la
forme).
Le fondamental est le Tam Kieu, les mains collantes. Nous
passons à un niveau supérieur de sensibilité qui permet de percevoir
direction, intensité et source de force engagées par notre adversaire.
La division des tao lu est différente, mais qu’importe la présentation.
On retrouve toujours les deux armes de ce style, la paire de sabres ici
forcément d’abordage pour un peuple marin (les Bat Tram Dao), et le long
bâton appele Te Mi Con. Dans les salles pauvres, le mannequin de bois
« à hauteur d’homme », était simplement dessiné sur le mur, dans lequel
on plantait les bouts de bois.